Le thanatopracteur

La thanatopraxie est un métier récent, arrivé en France en 1960. Son développement n’en demeure pas moins en constante progression, puisque 40 % des défunts bénéficient de soins de thanatopraxie en chambre funéraire dans l’Hexagone. La thanatopraxie possède deux finalités principales : restaurer la dignité du défunt et apporter un confort moral, non négligeable, aux familles endeuillées. Le thanatopracteur exerce une profession artisanale inscrite au Registre des métiers. Il est soumis à une réglementation stricte pour exercer.

Qu’est-ce que la thanatopraxie ?

Le thanatopracteur peut exercer au sein d’une entreprise de pompes funèbres comme il peut travailler dans une société de thanatopraxie ou exercer en tant qu’indépendant. Ce professionnel du funéraire diplômé et habilité par la préfecture effectue des soins de conservation du corps, demandés par la famille ou par le défunt de son vivant. Les actes réalisés sur la dépouille visent à ralentir la décomposition et aident ainsi à la préserver. Les moyens techniques mis en œuvre consistent à :

  • Injecter un liquide conservateur dans le système vasculaire du défunt,
  • Ôter tous les liquides contenus dans l’abdomen et la cavité thoracique du défunt.

L’éviscération, aussi pratiquée par le thanatopracteur, n’est plus un acte courant de nos jours, mais elle peut néanmoins constituer une demande spécifique de la famille de la personne décédée lors de ses dernières volontés.

La possibilité de réaliser la thanatopraxie dépend aussi de l’état initial du corps après la mort. Pour un résultat plus esthétique, il est important d’opérer les soins le plus tôt possible après le décès, au plus tard dans les 48 heures.

Que fait le thanatopracteur concrètement ?

La totalité ou presque du sang du défunt est remplacée par une solution aqueuse au formol aseptisant. Le thanatopracteur effectue des ponctions au niveau du cœur et de l’abdomen à l’aide d’un trocart chirurgical. Cet instrument est constitué d’une tige métallique avec un bout pointu et trois arêtes triangulaires coupantes. Cet acte n’a pas d’impact sur l’aspect extérieur du corps. La thanatopraxie n’est pas obligatoire, mais recommandée dans certains cas, si la famille souhaite par exemple garder la dépouille à domicile jusqu’aux obsèques. La température ambiante dans un logement favorise, en effet, la dégradation du corps. Le thanatopracteur peut également intervenir si la personne a succombé à une maladie ayant nécessité un traitement médicamenteux chimique lourd, comme la chimiothérapie dans le cas d’un cancer. Les produits chimiques non évacués par le corps peuvent en effet entraîner un changement rapide de la couleur de la peau et une odeur peu agréable.

Avec l’assistance de l’agent de funérarium, le thanatopracteur commence par déshabiller le défunt avant de laver le corps avec des produits désinfectants. Un massage des membres est requis afin de diminuer la rigidité cadavérique. Vient ensuite l’étape de la ponction des organes pour évacuer les fluides corporels. La solution au formol peut ensuite être injectée par voie intra-artérielle. Le corps est lavé une nouvelle fois avant d’être séché et de procéder à la fermeture des yeux et de la bouche pour redonner au défunt une expression du visage naturelle. Certaines familles demandent à remodeler certaines parties du corps, surtout du visage, si le défunt est mort par accident et que l’état de son corps s’est dégradé. Les derniers soins consistent à l’habillage du corps, au maquillage, à la demande de la famille, au coiffage et au transfert du corps vers le salon funéraire.

Dans quels cas faut-il obligatoirement faire appel à un thanatopracteur ?

La thanatopraxie est exigée lorsque le corps doit être rapatrié à l’étranger. Certaines compagnies aériennes peuvent d’ailleurs l’exiger, comme de nombreux pays qui n’autorisent pas le débarquement de corps non traités sur leur territoire. Il est donc conseillé de bien s’informer en amont. Le thanatopracteur doit également intervenir lorsque le trajet pour le transport de corps dure 2 heures et plus et s’il est mis en bière dans un cercueil de 18 millimètres d’épaisseur.

Quel est le diplôme exigé pour devenir thanatopracteur ?

En 2013, la France comptait 700 thanatopracteurs en activité pour 2000 diplômés en moyenne. Cette tendance n’a pas beaucoup varié depuis, mais l’activité s’est considérablement développée. Ce secteur recrute et recrutera encore. L’Institut français de thanatopraxie ou IFT est la première école dédiée à ce métier. Elle a ouvert ses portes en 1963, sous la houlette de Jacques Marette, le premier thanatopracteur français, ayant suivi une formation technique très poussée en Angleterre.

Une dizaine d’écoles existent aujourd’hui en France pour préparer l’examen au Diplôme National de thanatopracteur, obligatoire pour exercer le métier. Le cahier des charges est défini par le Ministère de la Santé. L’examen comporte une partie théorique, un concours avec des épreuves de thanatopraxie, de médecine et la connaissance de la réglementation funéraire et la science de la mort.

L’examen pratique consiste à évaluer le candidat en situation réelle de soin apporté au défunt, qui aura nécessité un stage en entreprise.

Le thanatopracteur doit maîtriser tous les aspects de son métier, y compris les démarches administratives, la connaissance pointue des produits de thanatopraxie en adéquation avec l’évolution de la technologie, et le contact humain avec les familles des défunts. Les soins de conservation du corps doivent pouvoir être réalisés en toutes circonstances.